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Photographie - René Cléroult
RENÉ CLÉROULT --- rene.cleroult@sympatico.ca
PHOTOGRAPHE EN APESANTEUR
Le monde est un code barre projeté à grande vitesse. Des émotions syncopées en balisent, tant bien que mal, l’ivresse. L’oeuvre de René Cléroult en est le contre sens. Sans appel, son monde à lui est inversement proportionnel à nos courses perpétuelles. Son oeuvre donne le vertige devant une moisson d’éphémère en si grande abondance.
Le photographe vit en apesanteur, l’oeil à la place du coeur, cueillant dans ce que la nature lui offre mais que le commun des mortels passe son temps à s’ingénier, à ignorer. Entre Québec et New-York, le photographe trace la chronique d’un univers en filigrane au nôtre, anonyme, pudique et ludique. Partisan de l’éphémère et artisan de sa mise en lumière, l’oeuvre de René Cléroult est un florilège photographique unique. Noir sur blanc, nuancé de gris, il raconte l’instant. L’éphémère d’à côté. Le petit signe distinctif qui fait d’un arbre le monarque de sa forêt ou d’un attroupement de bouleaux à l’écorce bombée, les mousquetaires d’un arbrisseau chétif.
Cette sensation d’apesanteur parsème les portraits de René Cléroult d’une Québec enchanteresse dont il sait capter l’éternité et au-delà de ses murs, la fragilité. Elle est aussi une part de son identité. Enfant déjà, du haut de ses trois ans, il s’amusait à suivre le périple des fumées de cheminées, qui, l’hiver durant accompagnaient ses journées. Quand, jusqu’aux plus grands spécialistes, on vante les bienfaits de la vie en technicolor, le jeune Cléroult l’observe en bicolore. Point de propension, dès lors, à transcender ce qu’il juge inutile d’usurper de sa pureté. Il pose ce qui est. Son oeil n’interprète pas, il témoigne des faits.
En noir et blanc. Souvenirs d’enfance, souvenirs d’une vie d’avant. En noir et blanc pour être franc. Pour l’infime équilibre, l’intime déséquilibre. En noir et blanc pour trouver la source de vie, car où il y a la lumière, il y a la vie. René Cléroult est en quête de l’ultime voilà pourquoi, parmi nous, il chemine tantôt dans la majesté d’une forêt ou au coeur de Brooklyn égaré parmi des anonymes. De l’anodin il tire tout un destin.
La parcelle de vie que nous négligeons et dont il se fait l’apôtre, le ruisseau qui s’anime à chaque goutte de pluie qui sur son courant sursaute, c’est aussi vingt ans d’une vie dévouée à l’autre. Deux décennies entre la clarté du jour ou du soir et l’antre magique de sa chambre noire. Où qu’il aille, inexorablement, René Cléroult revient vers elle épancher ses nouvelles histoires.
Glanées sur l’eau calme du domaine Maizereth, dans le Upper west side, au hasard de Sacré-Coeur, à hauteur de la 115ème ou dans Saint-Sauveur, au détour d’une fleur, le photographe marche et se fait conteur. Par monts et par vaux, aux quatre saisons, la capitale nationale ou la mégalopole s’effeuillent sur ses plateaux. Mystique avec son soleil rouge, sa chambre noire abrite les fragments de ses excursions urbaines en infra-rouge.
Depuis vingt ans René Cléroult fait la chronique d’un univers parallèle qu’il égrène, d’exposition en exposition, de Québec à New-York, aux regards des quidams, tétanisés d’avoir échappé une moisson de si beaux détails. Car voilà bien ce qui le distingue. D’un détail il montre la faille et sans tambour triomphant nous ramène à l’enfance. Cette époque bénie où la moindre forme de vie a un sens.
Pascal Evans, rédacteur en chef.
Cleroultphoto.com ~
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